Le drame de l’immigration clandestine
En l’an 2000, plus de 150 millions de personnes vivaient hors de leurs pays d’origine. En 2008, ils sont au moins 300 millions, dix ans plus tard plus de 500 millions. Le flux migratoire ne fera qu’augmenter avec le vieillissement de l’Europe qui aura besoin d’au moins 60 millions d’immigrés dans les 15 prochaines années.
La perte économique de l’immigration pour l’Afrique est très importante, entre les coûts liés à l’éducation, la formation, la santé, le transfert de richesse entre la production et le paiement des voyages.
L’Afrique vit un drame effroyable de nos jours.
Dans nos pays occidentaux, nous avons des problèmes, le chômage est important, mais sans être hypocrites, nous avons un niveau de vie que nos amis africains nous envient. Nous avons un système de solidarité qui fait qu’aucun français ne vit sans un minimum de ressources.
En Afrique, la solidarité familiale ne fonctionne plus ; comment avec dix personnes ou plus dans une maison peut-on subvenir à leurs besoins ? La pyramide des âges fait que les jeunes sont majoritaires, sans travail, ni perspectives d’avenir. Par ailleurs, la flambée du prix des matières premières dont le riz (première produits alimentaires en Afrique) avec le Mil, pèse lourdement sur le maigre budget des familles.
L’Afrique subit encore plus que nous européens cette folie spéculative.
« A la campagne électorale 2000, Me Abdoulaye Wade[1] – président de la République -, se plaisait à brandir une arme secrète pour galvaniser les foules. […] il avait toujours lancé en direction des foules venues écouter son message « ku amuul liggeey na ngaa yekketti sa loko ». Autrement dit, « tous ceux qui n’avaient pas d’emploi sont priés de lever la main ». Résultat, des milliers de doigts étaient levés partout en réponse à son interpellation pour ainsi fustiger le chômage et la pauvreté qui régnaient en maître dans le pays. […] Mais six ans après, quel bilan faire de cette problématique de l’emploi qui a eu raison de nombreux régimes de par le monde ? »[2]
Je reprendrais des extraits d’article de la presse sénégalaise et particulièrement du journal Sud quotidien paru le vendredi 26 mai 2006 qui donne une image horrible de la situation que vit une grande partie de cette population jeune ; nous devons arrêter ce « génocide » moderne et ce trafic d’être humain d’un autre âge…..
14 ans plus tard, la situation est la même, voire pire ….
« Mbeuk-mi », « Jihad », « Dor war », « Barça ou la mort »… Les mots désignent et agissent. Ils nous donnent une idée du drame que ces jeunes sont en train de vivre. Exclus du système, exclus de la société, ils ont perdu tout espoir[3]. […] Le large devient synonyme de réussite. […] La mort, pour cette jeunesse déboussolée, est synonyme de paradis. Elle parle de « djihad » pour nommer cette aventure périlleuse dont l’objectif est d’assurer le bonheur des parents. Se faire une place au soleil dans une société de plus en plus exigeante, individualiste, qui a mordu à l’appât de la consommation. Une société où les clinquants, le m’as-tu-vu, l’apparence, sont érigés en mode de vie. […] C’est pourquoi, il nous semble qu’aucune mesure dissuasive ne puisse venir à bout de la détermination de ces jeunes. Ceux qui ont osé affronter une mer en furie à bord d’une embarcation de fortune, vont-ils reculer devant un barrage de forces de l’ordre ? Ce désir de répondre, à tout prix, à l’appel des sirènes, sonne comme un désaveu des pouvoirs publics, incapables d’assurer le minimum à une jeunesse qui ne demande qu’à servir son pays. Ces jeunes ont eu l’impression qu’il existe deux Sénégal : celui des dirigeants, de leurs familles, de leurs acolytes ; des voleurs de la République[4] (dont le butin assure l’avenir des fils et petits-fils) et leurs complices; des maîtres-chanteurs, véritables sangsues etc, et celui des pauvres, condamnés à mener une vie de misère. La richesse des riches appauvrit davantage les pauvres. Et le paradoxe veut que dans ce pays, des fonctionnaires, responsables politiques, deviennent des milliardaires ou millionnaires. C’est contre toutes ces pratiques que ces jeunes se révoltent. Espérons seulement que les politiques capteront le message. » [5]
« Trois cercueils ont été, l’autre jour, rapatriés de la lointaine Turquie. Ils contenaient les corps de trois émigrés sénégalais, morts noyés. A bord d’un bateau, les malheureux tentaient d’entrer dans la forteresse européenne. D’autres Sénégalais sont portés disparus. […] Trois corps ont été rapatriés, mais combien sont-ils, ces jeunes Sénégalais morts dans le détroit de Gibraltar ou sur les plages espagnoles ? Saura-t-on un jour la longue agonie de nos compatriotes laissés au milieu du désert du Sahara par des passeurs cupides et criminels ? Sur dix qui partent, combien sont-ils à revenir au pays, fortune faite ou fauchée, mais saufs ? Combien vivotent dans un pays de transit aussi pauvre que le Sénégal ? Toutefois, il ne faut pas se leurrer. Tant que ce pays sera pauvre, tant que l’emploi y sera rare, des milliers de jeunes dans la force de l’âge chercheront à émigrer. […] L’émigration est également une stratégie familiale de survie, de lutte contre la pauvreté. D’après une étude du chercheur «Dieudonné Ouédraogo» qui établie que l’immigration est rentable pour le pays d’origine, car l’immigré envoie de l’argent à sa famille et fait tourner l’économie locale, mais « la migration ne saurait en elle-même être considérée comme une stratégie de développement. » [6]
« Quand ils sont dans le désarroi, les hommes politiques s’accrochent à des paroles magiques pour essayer de retrouver des rêves grandioses, un semblant de sérénité et d’équilibre. […] Les politiciens amnésiques jusqu’à oublier à chercher les réponses aux cris d’angoisse venus du fond des urnes détraquent et soutiennent par la même manière de changer de chemises ; tout ceci pour plaire. Alors que les urgences sont quotidiennes. Nous ne sommes pas amnésiques. Mieux, nous pourrons redonner l’exemple par la voie royale des urnes, celle-la qui nous garantit paix, stabilité et dignité. Le Sénégal est un baobab dont la force se trouve dans ses racines. Il y a un mal qui ne se guérira que par ces dernières. […] La vérité : faute à l’argent, faute de vigilance, il n’existe plus chez certains à travers plus de 80 partis politiques un modèle de politicien sénégalais. Sinon un modèle socialement périmé.»[7] .
L’image de l’immigration en Europe avec l’exemple italien
« Les commerçants et autres ouvriers sans grande qualification côtoient désormais, en Italie, des avocats, des médecins et autres ingénieurs qui, en butte aux difficultés d’embauche au Sénégal, commencent à émigrer en masse. […] Tidiane Top, informaticien basé à Milan, inscrit cette nouvelle forme d’émigration dans le phénomène global de la “fuite des cerveaux”, soulignant que de jeunes Sénégalais, venus terminer leurs études supérieures en Italie, ont préféré saisir les opportunités qui s’offraient à eux. “Si vous effectuez une petite enquête en Italie, vous trouverez des dizaines d’avocats, de médecins, d’ingénieurs, d’enseignants qui sont venus monnayer leurs talents ici”, affirme M. Top, ajoutant qu’il est “impensable” pour ces cadres, à l’état actuel des choses, de rentrer
s’installer au Sénégal. […] Aujourd’hui, Bou Konaté est l’adjoint au maire de Monfalcone et s’occupe de grands travaux publics de la ville. Son ami Lamine Bara Mbengue est ingénieur en génie civil et travaille dans le domaine de la sécurité des bâtiments. Il aide aussi les entreprises à avoir une certification dans le domaine de la qualité. “Je suis là parce que les obstacles administratifs sont tels au Sénégal que je ne peux pas y trouver, pour le moment, les conditions favorables à mon épanouissement tant sur le plan professionnel que social”, dit Lamine Bara Mbengue avant d’ajouter : “Il ne sert à rien, non plus, de faire le nationaliste en rentrant au pays pour aller grossir le rang des chômeurs” »[8]
Le mirage Espagnol
C’est vrai, Barcelone est une très belle ville (que j’aime beaucoup pour m’y être rendu à 3 reprises en 1999, 2001 et 2003), l’Espagne bénéficie d’une forte stabilité politique (grâce au roi) et d’une croissance exceptionnelle, l’économie tourne, le pays prospère grâce aux milliards reçus de la communauté Européenne. Mais l’arbre cache la foret. En effet, d’après une enquête officielle, « 70% des jeunes diplômés espagnols qui occupent des emplois sous-qualifiés et gagnent en majorité, moins de 1000 € brut par mois.»[9]
Le mirage de la vie en Europe :
Comment voulez-vous dire à des jeunes sans perspective d’avenir qu’il ne faut pas venir en Europe, qu’il n’y a pas d’argent pour eux ni de travail, quant au même moment, ils voient que ceux qui ont la chance de vivre et de travailler en Europe, envoient régulièrement de l’argent, construisent de magnifiques maisons, font tourner l’économie du pays.
Enfin, la mondialisation des échanges culturels et la facilité d’accès à la télévision mondiale permettent à ces jeunes de regarder notre mode de vie, de nous envier de vouloir autant. C’est le système qui est responsable de cette situation et non ces jeunes qui ne veulent que travailler et obtenir de meilleures conditions de vie pour eux et leurs familles.
De même dans nos propres pays, avec nos émissions, séries, téléfilms, etc .. ; nous montrons tous les jours « l’argent facile », des modèles d’arnaque, des fortunes rapides et notre chère société de consommation.
En 20 ans, le regard des jeunes entre eux à changer pour assurer des dividendes aux actionnaires des grandes compagnies, nous avons réduit notre jeunesse à des consommateurs qui, s’ils ne s’habillent pas comme les autres sont automatiquement rejetés … broyer par le système.
Ensemble, nous pouvons arrêter ce drame.
Arrêtons ce drame, qui a remis au jour le commerce d’esclave en Libye, le trafic d’êtres humains sur le continent et la mort en méditerranée.
Source :
[1] Son homologue Français jacques Chirac avait bâti son plan de bataille sur le thème proche de la « fracture sociale » et manger des pommes …..
[2] “Les « barques peoples arrivent » par M. Mika LOM, Sud quotidien du 26052006
[3] Sa me rappelle la situation de notre jeunesse en France et la crise des banlieux de fin 2005
[4] Sa ne vous rappelle rien ?
[5] Perspective : « Le bonheur du désespoir » par Bacary Domingo MANE, sud quotidien du 26.05.2006
[6] « Combattre cette pauvreté qui fait émigrer », sud quotidien du 13 avril 2004
[7] « Le politicien est-il amnésique ? », par Mamadou O. WANE – Journaliste indépendant conseiller en Communication, contribution dans le quotidien du 12.08.2005.
[8] « Emigration sénégalaise en Italie : exit le modou-modou, bonjour l’émigré à col blanc », Wal Fadjri du 1.04.2004
[9] « L’avenir gris de la jeunesse espagnole » par Virginie Grognou 20 minutes du 4 avril 2006
1 réponse
[…] Le drame de l’immigration clandestine […]